Section Antifasciste Montreuil, Bagnolet et Alentours

Après-midi autour du livre «À bas l’État, les flics et les fachos !» (Réécoutable !)

Comment naît et se construit un groupe antifasciste autonome ? Comment intervient-on en tant que groupe ? Comment investit-on la rue pour faire face aux flics ou aux fascistes ? Comment raconte-t-on l’histoire d’un groupe antifasciste autonome quand celui-ci est caricaturé et diabolisé par l’État et les médias ?

C’est à ces questions qu’Olivier Minot tente de répondre dans « À bas l’État, les flics et les fachos » à propos du Groupe Antifasciste Lyon et Environs (GALE). Fondé en 2013, la GALE a été l’un des piliers de la dernière décennie militante, avant sa dissolution par le gouvernement en novembre 2023.

Le 24 Novembre 2024, nous avions organisé une après-midi autour de ce livre. C’était à la Parole Errante, à Montreuil, en présence d’Olivier Minot et de quelques camarades antifascistes avec qui il s’était entretenu. Voici l’enregistrement de la rencontre, suivi du texte que nous avions lu en introduction de la discussion, où on se replaçait par rapport aux enjeux du livre.

Enregistrement de la rencontre

Lecture depuis https://audioblog.arteradio.com/blog/223950/podcast/247566/a-bas-l-etat-les-flics-et-les-fachos-retour-sur-une-rencontre

Texte lu en introduction

Bonjour ! Merci à toustes d’être là aujourd’hui. On est la SAMBA, la Section Antifasciste Montreuil, Bagnolet et Alentours, et on s’est créé il y a maintenant un an.

Nous avons invité aujourd’hui Olivier Minot, l’auteur du livre « « À bas l’État, les flics et les fachos ! » – Fragments d’une lutte antifasciste » paru en octobre aux éditions Burn~Août, et certain·es des camarades antifascistes lyonnais·es avec qui il s’est entretenu et qui se présenteront ensuite.

Nous partageons beaucoup d’analyses avec nos camarades de Lyon, d’où l’organisation de cette après-midi de discussions. Pour nous, se dire antifascistes aujourd’hui, c’est considérer qu’il est nécessaire de lutter contre l’extrême-droite sous toutes ses formes, qu’elles soient électoralistes ou non, en considérant que les frontières entre partis politiques et groupuscules radicaux sont floues et poreuses.

Ce n’est pas le seul axe de notre lutte car nous pensons que la progression du fascisme ne saurait se réduire à ces seules entités.

Nous considérons le fascisme comme une idéologie promouvant le projet d’une nation homogène sur le plan ethnique, religieux et des valeurs. C’est aussi le dernier refuge de la classe capitaliste qui, s’appuyant sur un régime autoritaire ennemi du syndicalisme et de la lutte des classes, étouffe tout moyen d’organisation et de résistance pour faire fructifier ses profits.

Il nous paraît alors nécessaire de se focaliser sur les acteurs et les processus responsables de la promotion de cette idéologie suprémaciste blanche et chrétienne et du glissement autoritaire traduit par des politiques néolibérales et des stratégies de maintien de l’ordre toujours plus violentes. Ce sont ces évolutions au long court que nous nommons fascisation.

L’ascension du fascisme ces dernières décennies en France n’est pas le fait de quelques groupuscules fascistes. Elle est la conséquence d’une fascisation globale de la société, à laquelle l’État capitaliste participe activement. Nous n’oublierons ni ne pardonnerons l’enfermement de milliers d’habitant·es des quartiers populaires, la répression des mouvements sociaux, la création des centres de rétention, les meurtres policiers ou la gestion coloniale de la Kanaky et des territoires ultra-marins.

Notre conception du fascisme nous force ainsi à considérer comme incontournable l’opposition radicale à l’Etat et à celleux qui en assurent le bon « ordre public », entendu comme le maintien d’un système colonial, raciste, capitaliste et cishétéropatriarcal.

Aussi, nous nous opposerons toujours aux solidarités coloniales entre Etats, qui se défendent et s’arment les uns les autres dans des entreprises génocidaires.

On ne saurait non plus combattre cette fascisation sans prendre au sérieux les attaques visant les droits reproductifs et l’autonomie corporelle. Face aux assauts de celleux qui défendent une conception essentialiste du genre et une vision hétéropatriarcale des relations affectives, opposer une riposte féministe et queer, c’est opposer une riposte antifasciste.

​​Puisque nous n’attendons rien de l’Etat, nous tenons à nous placer au coeur des initiatives et expériences autonomes, dont sont issues des solidarités populaires durables.

Le travail de terrain est primordial dans le contexte actuel, d’autant plus quand les mots d’ordre et la violence fascistes se font de plus en plus visibles dans les rues. Une présence antifasciste quotidienne dans l’espace public, que ce soit par des collages, des tractages ou des événements populaires, doit nous permettre de reprendre l’initiative et de rendre chaque rue hostile aux fascistes. Aussi, ce travail de terrain implique parfois la confrontation physique avec les fafs, comme le raconte certain-es militant-es interrogé-es. Une confrontation physique qui n’est pas du seul fait de personnes aguerries à la tape, mais bien le résultat d’une solidarité militante et d’une culture d’autodéfense partagée.

Nous pensons également que la lutte contre les fafs passe par le renforcement des liens et des solidarités avec d’autres groupes, ainsi que par notre implication pour faire vivre les squats et autres espaces d’auto-organisation, notamment dans la situation post-loi Kasbarian qui criminalise les occupations précaires et celleux qui y ont recours.

La forme-même de l’ouvrage, sous la forme d’un récit à plusieurs voix autour de plusieurs événements, vécus ensemble ou non, laisse la place à l’expression d’analyses, de doutes, de seum et d’expériences qui s’inscrivent dans des trajectoires personnelles diverses, et permet de bien rendre compte des différentes expressions de cet antifascisme du quotidien.

La SAMBA – Section Antifasciste Montreuil Bagnolet et Alentours

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